PERCY ERSKINE NOBBS
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FRANCIS JOHN NOBBS

      



PERCY ERSKINE NOBBS : BIOGRAPHIE
par John Bland [1911-2002]

Percy Erskine Nobbs naît le 11 août 1875 dans la maison familiale de sa mère à Haddington en Ecosse. Il passe toute son enfance en Russie, troisième génération d'une famille anglaise tenue en très haute estime qui habite Saint-Pétersbourg depuis peu après Waterloo.1 C'est ainsi qu'il suit ses premiers cours d'art à l'École de design de Saint-Pétersbourg. A douze ans, il entre au Collegiate School d'Edimbourg et de là, soit en 1893, il s'inscrit à l'université d'Edimbourg où, sous la direction du professeur Gerald Baldwin Brown, il obtient sa maîtrise es arts en 1896.2 Voulant faire des études d'architecte, il devient l'élève de Robert Lorimer, le célèbre architecte écossais qui, par goût et par formation, est l'un des chefs de file du mouvement Arts and Crafts. Lorimer a lui-même été l'élève de Rowand Anderson à Edimbourg, mais avant de commencer sa carrière, il a passé dix-huit mois avec George Frederick Bodley à Londres où il a côtoyé de près William Morris et Philip Webb.3 Nobbs idéalisait Lorimer, comme l'atteste le goût des deux architectes pour l'emploi judicieux des matériaux, les formes traditionnelles, l'art héraldique et d'autres ornements expressifs, mais surtout leur goût pour l'art des artisans qui contribue tant à la qualité d'un édifice.

Pendant ses études scolaires et universitaires à Edimbourg, Nobbs suit des cours de dessin et de sujets techniques à l'Heriot Watt Collège et à la School of Applied Art.4 Certains objets du CAC ont trait à cette époque, comme les dessins d'anciens édifices, les objets en fer forgé décoratif et les esquisses d'objets qui se trouvent dans la Musée des sciences et des arts d'Edimbourg.5 En outre, on peut voir dans les archives Nobbs une photographie d'un lion héraldique sculpté dans la pierre provenant de la porte cochère de Balcarres, demeure créé par Lorimer et construite alors que Nobbs faisait partie de l'agence, et qui porte les initiales PEN.

Nobbs est reçu aux examens du Royal Institute of British Architects en 1900 et la même année, il remporte le prix Tite pour son projet de clocher isolé, composition classique qui n'omet aucun détail de construction.6 Il dépense le montant de ce prix en Italie à dessiner, à mesurer et à croquer. Son voyage est consigné dans un essai intitulé "Why go we to Italy" publié avec quinze illustrations dans le Builders Journal and Architectural Record en 190l.7 On retrouve six esquisses de ce séjour dans le CAC alors que d'autres apparaissent dans plusieurs revues les années suivantes.8

En 1901, Nobbs travaille à la Fire Brigade Branch du London County Council où, pour la première fois, il fait l'expérience d'un élément social de l'architecture, à savoir les grands problèmes de construction dans une vaste métropole. Cette préoccupation ne le quittera plus de toute sa carrière, comme en témoignent les rapports et plans généraux de logements sociaux et surtout, les beaux édifices scolaires économiques dont il élabora les plans à Montréal avant la Première guerre mondiale. En 1901, Nobbs présente des projets dans le cadre de la Soane Medallion et de l'Owen Jones Studentship, et il obtient le second prix à ce deuxième concours. L'année suivante, il tente à nouveau sa chance à ces deux concours et cette fois, il remporte le Owen Jones Studentship pour le projet d'une église romane richement ornementée. Toutefois, la médaille Soane lui échappe à nouveau. Le concours Soane de 1902 avait trait à une église de ville, et même si l'on ne trouve dans le CAC qu'un seul des dessins de Nobbs pour cette église, d'autres ont été publiés dans le British Architect, de sorte qu'il est possible d'examiner ce projet au grand complet.9

Les talents de dessinateur de Nobbs qui lui ont valu tant de prix et grâce auxquels il a fait publier tant de dessins, en font un adjoint très recherché dans les agences dont la survie dépend des concours. C'est ainsi que Nobbs devient un véritable bourreau de travail et il semble que les idiomes qu'employaient les jurys des concours auxquels ses employeurs cherchaient à plaire soient venus s'allier à ceux de ses anciens maîtres pour forger son vocabulaire architectural. Cette tendance qui est manifeste dans le deuxième projet présenté au concours Soane, est sans doute constatée par Lorimer qui lui fait promettre de cesser d'être l'esclave des architectes de Londres et de ne travailler que pour lui-même.10 Sans doute animé du même souci, un autre vieil ami et professeur d'Edimbourg, Gerald Baldwin Brown, trouve l'occasion de lui faire quitter Londres en le recommandant chaleureusement à William Peterson qui cherchait précisément à remplacer Stewart Henbest Capper à la tête de l'École d'architecture de McGill.

En 1903, Nobbs arrive à McGill pour y faire de l'enseignement à l'instar de Capper,11 mais très vite il constate qu'il lui faut exercer son métier pour pouvoir enseigner l'architecture, peu convaincu de la seule valeur des mots et images pour ce faire. Après quelques hésitations, McGill accède à sa demande, mais à la condition qu'il le fasse avec un architecte de métier. Les premières années de sa carrière sont marquées par une activité débordante. l'université Union de McGill (l'actuel Musée McCord), entrepris en collaboration avec Hutchison et Wood, est sa première oeuvre canadienne. Les esquisses, plans de présentation, dessins d'exécution, détails et croquis de mobilier que l'on trouve dans le CAC témoignent de l'évolution et de l'étendue de style de Nobbs. À tous égards, l'édifice demeure un étalage de composition élégante et de construction intelligente, harmonieusement exécuté et devant lequel on ne peut ressentir que de la joie. Sa seconde oeuvre réalisée en association avec David R. Brown, est une maison destinée au docteur C.W. Colby. Celle-ci est suivie d'une autre maison pour le docteur J.B. Porter, en association avec Ceci Burgess. Les deux maisons ont disparu avec ceux qui en étaient les maîtres, mais les dessins et les photographies qui en restent prouvent que chacune avait un charme qui lui était propre, s'harmonisait admirablement avec son environnement et imposait sa beauté aux promeneurs. Durant cette époque, Nobbs est membre du jury des concours pour la cathédrale d'Halifax, l'Hôpital Alexandra, le foyer des infirmières de l'Hôpital Royal Victoria et la nouvelle faculté de medicine de McGill.12 Puis en avril 1907, après sa destruction par le feu, il faut reconstruire immédiatement le pavillon Macdonald de génie. Nobbs élabore à nouveau les plans de l'édifice dont il surveille la construction travaillant tous les jours avec Sir William Macdonald, donateur de l'édifice et un des gouverneurs de McGill. L'année suivante, il contribue aux révisions finales de l'Hôtel du Parlement d'Edmonton. Il prépare les plans d'un édifice similaire à Regina et, pour faire un coq-à-l'âne, il étonne ses collègues en remportant la médaille d'argent au fleuret aux Jeux olympiques de Londres. C'est un athlète leste et accompli qui a le goût de la compétition, qualités sans doute liées à son talent exceptionnel de tout voir avec justesse et de dessiner avec assurance.

En 1909, Nobbs est élu membre associé de l'Académie royale canadienne, il épouse Mary Cecilia Shepherd et s'installe confortablement dans la vie montréalaise. Sa vie professionnelle et ses oeuvres attestent ses talents d'architecte et témoignent de la sagesse dont il a su faire preuve en s'adonnant davantage à son métier et en réduisant sa charge d'enseignement. À la fin 1909, il demande à résigner ses fonctions de directeur de l'École d'architecture. L'année suivante, il est élu membre du Royal Institute of British Architects et s'associe avec George Taylor Hyde, donnant le jour à l'agence qui fait pratiquement tout l'objet de cette collection et qui subsistera jusqu'au décès de Hyde en 1944. Pendant toute cette période à l'exception des quatre dernières années, Nobbs mènera de front sa carrière d'architecte et un poste moins exigeant de professeur de design à McGill.

Au début de son association avec Hyde et avant le commencement de la Première guerre mondiale, l'agence de Nobbs crée de nombreuses maisons pour des clients particuliers, dont plusieurs groupes de maisons pour T.P. Howard et Thomas Lamb ainsi qu'une charmante maison de campagne agrémentée d'un jardin et de dépendances pour le docteur J.L. Todd. Alors que toutes ces maisons témoignent de la maîtrise que Nobbs avait de la composition architecturale, le merveilleux édifice de l'University Club de Montréal lui donne l'occasion de travailler avec toute sorte de matériaux et de tirer parti des arts appliqués. Un plafond en plâtre à l'ornementation héraldique, des vitraux, un escalier ellipsoïde majestueux, et plusieurs foyers ornementés ne sont que quelques-uns des chefs d'oeuvre de design et d'artisanat que l'on trouve dans le Club. Par ailleurs, le mobilier et les installations, qui ont été soit conçus soit sélectionnés par l'architecte, contribuent de manière exceptionnelle à l'harmonie de l'intérieur de l'édifice.

Trois écoles, Edouard VII, Strathearn et Peace Centennial créées pour la Commission des écoles protestantes de Montréal, sont de beaux édifices pratiques qui allient des normes d'espace et d'éclairage naturel idéales pour les enfants avec certains symboles patriotiques pleins de verve, ainsi qu'une étude du langage de la forme et de l'ornement qui fascinait tant Nobbs. Deux édifices réalisés pour Henry Birks and Sons, à savoir une orfèvrerie combinée à un immeuble commercial à Montréal et un magasin et des bureaux remis à neuf à Winnipeg, de même que le siège social canadien de la compagnie d'assurance Liverpool and London and Globe sont indicatifs du brio avec lequel l'agence de Nobbs faisait aussi de l'architecture commerciale.

Le stupéfiant projet de résidences universitaires combinées à un stade, un gymnase et des salles d'exercice à McGill et les plans complets de l'université d'Alberta constituent des tentatives d'ensembles architecturaux inédites jusqu'ici au Canada. Seul le stade de McGill ainsi que le pavillon des arts et deux laboratoires à l'université d'Alberta seront achevés avant la guerre. En 1913, Nobbs se fait battir sa propre maison sur un site exaltant au sommet du Mont-Royal à Montréal, maison dont l'exposition est idéale et les vues magnifiques, en regard de quoi il utilise la brique et l'ardoise, massant sa composition autour d'une cheminée centrale et disposant les fenêtres de facture simple de manière à ce qu'elles captent la bonne lumière au bon moment tout au long de la journée.

Nobbs et Hyde travaillent au mobilier et aux installations de l'immeuble de la Liverpool and London and Globe et de l'église St-Jacques remise à neuf de Trois-Rivières au moment où la première guerre mondiale interrompt leur carrière. Pendant la guerre, soit de 1914 à 1919, Nobbs sert à la fois au Canada et sur le front et il est élevé au rang de commandant. À propos de cette période, le CAC comporte une minuscule esquisse de la tour de Rouen datée du 4 août 1918 et une amusante figure en plâtre d'un soldat portant gaiement ses effets, basée sur une reproduction toute aussi minuscule d'une esquisse sans date qui l'accompagne.

En 1919, au retour de Nobbs, son agence réalise un plan directeur révisé pour l'université d'Alberta et élabore les plans de la faculté de médecine de cette université. Compte tenu de la forme particulière des salles et des besoins particuliers de l'éclairage, ce projet exige des travaux beaucoup plus complexes que celui du pavillon des arts. Nobbs ne recule jamais devant ce genre de problème, y trouvant même une grande stimulation qui l'aide à découvrir la forme d'un édifice.

Le besoin d'élever des monuments aux morts à cette époque suscite en Nobbs la réponse d'un artiste en même temps que d'un artisan. Il élabore donc les plans de monuments en bronze et en marbre et des vitraux pour des églises, des écoles, certains bureaux, clubs et parcs municipaux. En sa qualité d'architecte-conseil auprès de la Commission canadienne des monuments de champs de bataille, c'est à lui que l'on doit beaucoup des plus belles oeuvres de cette commission. Son agence s'inscrit à plusieurs concours pour la conception d'importants monuments aux morts, à la fois au Canada et à l'étranger, et c'est elle qui présente le projet gagnant d'un musée à la mémoire de la guerre à Regina. Ce musée aurait sans doute été un chef d'oeuvre, mais les dépenses qu'il aurait entraînées s'avérèrent bien trop élevées pour les moyens de la Saskatchewan de l'après-guerre.

À cette époque, le renom de l'agence au chapitre des résidences particulières lui vaut de nombreuses commandes, notamment de la part de H.R. Trenholme, de Mm William Stewart, de J.H. Magor et de Mme George Hyde, son plus fréquent client canadien, ainsi que de A.F.G. Byers et de la famille Birks pour des groupes de maisons. La plupart sont en brique et toutes attestent les talents de planificateur de Nobbs, surtout au niveau de la disposition des fenêtres pour obtenir le meilleur éclairage possible. Nobbs donnait le nom de perspective à cet élément de la construction d'une maison, lequel est rarement manifeste aux gens de l'extérieur, aux photographes architecturaux ou à la plupart des critiques, alors qu'il revêt autant d'importance que son aspect, lequel est évident et très souvent surestimé. On compte également à cette époque plusieurs résidences exceptionnelles, dont un extraordinaire jardin et l'aile d'une demeure en pierre massive pour le docteur W.L. McDougald, qui comportait une splendide grille ornementale et des clôtures de fer forgé, ainsi qu'une charmante maison de banlieue pour A.H. Scott qui s'inspirait manifestement des anciennes maisons québécoises auxquelles Nobbs vouait une vive admiration. Il était convaincu que le régionalisme architectural était inévitable et qu'il constituait une source d'inspiration essentielle pour les architectes. Les créations locales de l'agence englobèrent également la restauration de deux vieilles maisons à Trois-Rivières au Québec, dont la plus remarquable pour le compte de C.R. Whitehead. À Almonte en Ontario, Nobbs et Hyde s'occupèrent de restaurer une vieille maison pour J. Macintosh Bell et de convertir un vieux moulin de 1830 en maison d'été et en studio pour R. Tait McKenzie, cet eminent sculpteur chirurgien et spécialiste d'éducation physique. Les maisons de pierre réalisées pour le compte de G.W. Grier et R. Reid Dobell à la fin des années vingt furent parmi les dernières des commandes résidentielles importantes de l'agence.

Entre 1920 et 1930, Nobbs et Hyde réalisent un grand nombre de commandes pour McGill. En premier lieu, il faut citer le projet de salle de réunion monumentale à la mémoire des morts de la guerre, suscité par l'enthousiasme de Nobbs pour les remarquables contributions de l'université pendant la guerre. Alors que les plans de cette salle passent par plusieurs phases de simplification, sa construction est finalement abandonnée. Plus tard, une très jolie annexe est ajoutée à la bibliothèque Redpath à l'intention du rayonnage et des collections spéciales dont l'une d'entre elle est la bibliothèque Blackader d'architecture et d'art, elle-même un monument aux morts.13 En 1920, la collection d'histoire de la médecine de Sir William Osier est léguée à McGill et Nobbs conçoit à son intention une ravissante salle dans le pavillon Strathcona de médecine. Vient ensuite un nouveau pavillon de pathologie auquel le groupement naturel des éléments fonctionnels donne une forme irrégulière tout à fait charmante qui s'harmonise fort bien avec le site et les immeubles voisins et qui est traitée dans le style de l'ancien maître de Nobbs, Robert Lorimer. En 1925, l'agence entreprend les plans d'un nouvel édifice pour l'Institut de recherche sur les pâtes et papiers, qui fait partie d'un complexe à l'angle sud-est du campus. Ce pavillon comprend deux grands éléments, l'un fait de bureaux et de laboratoires et l'autre de locaux de type industriel qui abritent une usine de papier modèle. Les deux parties sont fort judicieusement construites en pierre avec de grandes fenêtres généreuses. Malheureusement, l'extrémité de la section donnant sur la rue University ne sera jamais achevée, ce qui demeure encore aujourd'hui une douloureuse cicatrice, pas aussi douloureuse toutefois que l'élimination totale du bel immeuble qui aurait dû se dresser à l'angle de la rue Sherbrooke. C'est dans cet immeuble qu'on aurait dû trouver la résidence Douglas et le gymnase. Au tout dernier moment, on décide de réserver cet emplacement à d'autres fins. Enfin, le dernier immeuble que McGill commande à Nobbs et Hyde est une annexe du collège Royal Victoria, qui abrite les chambres à coucher, les salles de réception et le logement de l'intendante. Cette annexe est conçue dans le style sobre des façades qui bordent la rue University, tandis qu'à l'angle de la rue Sherbrooke, elle s'harmonise à une composition de toits et de pignons plu conforme à l'édifice original créé par Bruce Price pour le collège.

La dernière grande commande commerciale de Nobbs et Hyde est l'édifice médical Drummond. Intelligemment conçu pour abriter des bureaux cliniques et des salles d'opération, il se distingue des édifices de l'époque par un garage à intention de ses occupants. Ce garage agencé de manière exemplaire, est necessible depuis le vestibule d'entrée et possède des rampes d'accès facile chaque demi-étage. Ce modèle a été envisagé au préalable pour le même client, Henry Birks and Sons, dans le Royal Garage, édifice de stationnement à entière qui se dressait rue Cathcart (et qui fut démoli pour faire place à la Place Ville-Marie).

Les dernières oeuvres religieuses les plus remarquables de l'agence sont la chapelle de la Cathédrale Christ Church à la mémoire des morts de la guerre et 1e remaniement de l'intérieur de la Erskine and American United Church. Dans le premier cas, on installe dans le transept sud de la cathédrale un nouvel autel et retable splendides, on crée un nouveau mobilier pour le jubé, notamment des chandeliers et un balustre; et l'on installe un paravent séparant la chapelle de te nef latérale sud de la cathédrale, sans parler d'un nouveau vestibule. Tout cela donne lieu à des travaux de menuiserie et de sculpture réalisés dans un goût exquis à la manière médiévale, sans pour autant que l'esprit et le sens de l'à-propos de Nobbs en soient absents. Les deux figurines surplombant le paravent qui rappellent Marie et St-Jean pleurant le Christ représentent en fait une infirmière militaire et un brancardier. Le choix judicieux des couleurs et tes travaux au stencil permettent de faire la jonction entre les murs et le plafond de l'ancien transept et les rénovations. La réfection de l'intérieur de . te Erskine and American United Church est plus considérable. Elle ne donne pas seulement lieu à des ornements non figuratifs splendides et à un nouveau mobilier et des installations de toute beauté, mais elle permet aux architectes de normaliser l'axe de l'intérieur selon l'orientation de base de l'église. Jusque là, cet axe était agencé sur la diagonale d'un espace carré, ce qui avait entraîné un agencement désordonné des fenêtres. La reconstruction donne à l'église un air de profonde dignité et elle constitute le projet le plus réussi d'espace intérieur à grande échelle de l'agence. Alors que la grande crise financière des années trente a considérablement réduit au Canada le nombre de clients disposant des ressources pour se faire bâtir de belles demeures, la Deuxième guerre mondiale amène le genre de travaux que Nobbs et Hyde aiment après dessus tout.

Entre les deux guerres mondiales, Nobbs reçoit de nombreuses distinctions. En 1920, il est élu académicien de l'Académie royale canadienne, en 1924, il devient président de l'Association des architectes de la Province de Québec, en 1928 président du Town Planning Institute of Canada, en 1929 il est élu à la Société royale des arts et devient président du Royal Architectural Institute of Canada. Durant les années trente, en pleine période de récession, il publie ses trois ouvrages. Design: A Treatise on the Discovery of Form est un résumé de sa philosophie architecturale dont bien des chapitres ont fait l'objet de conférences. Salmon Tactics et Fencing Tactics relatent l'immense plaisir qu'il éprouve à pêcher et à faire de l'escrime.14 Outre l'architecture, Nobbs adore le plein air.

En 1939, il cesse d'enseigner, mais en 1941, il devient le délégué de McGill au Conseil municipal de Montréal oû il joue un rôle dynamique au sein du nouveau département d'urbanisme. En 1942, il devient président par intérim de l'Académie royale canadienne. En 1948, il fonde la Atlantic Salmon Association et en 1952, il reçoit le prix de l'Outdoor Life Conservation. En 1957, McGill lui décerne le grade honorifique de docteur ès lettres. Nobbs meurt le 5 novembre 1964.

La biographie la plus complète de Nobbs et de ses réalisations est la monographie intitulée Percy Erskine Nobbs: architecte, artiste, artisan de Susan Wagg.15 Cet ouvrage nous fait découvrir l'homme, ses objectifs et ses oeuvres les plus remarquables.

Un récit liminaire du rôle joué par Nobbs aux débuts de la planification canadienne et de ses tentatives d'améliorer l'aspect de Montréal nous est livré dans un exposé inédit du professeur Jeanne Wolfe et de son étudiante Jud Bouman de l'École d'urbanisme de McGill qui porte le nom de "Percy Nobbs & City Improvement."16 En outre, l'analyse minutieuse qu'Andrew MacPhail a faite de l'ouvrage de Nobbs Design permet de mieux comprendre l'homme et son oeuvre et saura intéresser quiconque cherche à se faire une meilleure idée de l'homme et de sa philosophie.17

 

NOTES

1 P.E. Nobbs, "Those Russians," 1957, Archives Nobbs, CAC.

2 Percy E. Nobbs," CAB 16 (octobre 1903): 159.

3 Christopher Hussey, "Work of Sir Robert Lorimer," Country Life [London] (1931): 16-17.

4 "Canditate's Separate Statement. Fellow.," 13 novembre [1910], Archives Royal Institute of British Architects.

5 Arch Assoc Sketch Book 3rd Series 5 (1901): pl. 56; 7 (1903): 28.

6 "Design for an Isolated Clock Tower and Belfry: Perspective, Plans, Elevation and Section," The Builder 78 (17 février 1900): après page 166.

7 Build J Arch Rec 320 (27 mars 1901): 130-38.

8 Build News (23 août 1901): 256-57, 261; Arch Assoc Sketch Book 3rd Series 5 (1901): pl. 60-64; 6 (1902): pl. 68; 8 (1904): pl. 59-62; et CAB 17 (Janvier 1904) et (février 1904).

9 Br Archt 59 (20 mars 1903): 208-9, 212.

10 P.E. Nobbs, "Competition Reform," JRAIC 12 (septembre 1935): 150-52. 10 (29 août 1903):511.

11 JRIBA 10 (29 August 1903):511.

12 "Candidate's Separate Statement. Fellow.," 13 novembre [1910], Archives Royal Institute of British Architects.

13 La bibliothèque fut fondée en 1917 à la mémoire du capitaine Gordon Home Blackader (1885-1916), diplômé de l'École d'architecture de McGill et par la l'un des associés de l'agence d'architectes de Montréal Barott, Blackader et Webster.

14 P.E. Nobbs, Design: a Treatise on the Discovery of Form, (Toronto: "Oxford University Press, 1937); Salmon Tactics, (London: Philip Allan, 1934); et Fencing Tactics, (London: Philip Allan, 1936).

15 Susan Wagg, Percy Erskine Nobbs: architecte, artiste, artisan (Montreal: McGill-Queen's Press, 1982).

16 Jeanne M. Wolfe et Judi Bouman, "Percy Nobbs and City Improvement," École d'urbanisme de McGill, n.d., Archives Nobbs, CAC.

17 Sir Andrew MacPhail, "Design: a Review of Mr. Nobbs' Book," JRAIC 14 (June 1937): 114-15.