Pavillon Strathcona de médecine -- Archives de McGill

La première faculté de McGill fut celle de médecine qui s'avérait autrefois la seule à pouvoir décerner un diplôme. En octobre 1845, la faculté, qui n'était pas jusque-là directement rattachée à l'Université, alla s'établir sur le campus dans le pavillon des arts qui occupait en fait à lui seul la propriété de McGill à l'époque. Comme l'expansion de Montréal vers l'ouest n'incluait pas encore le secteur de McGill, on devait accéder au pavillon des arts par de vieux chemins cahoteux qui devenaient pratiquement infranchissables en plein coeur de l'hiver. Un certain professeur, le docteur MacCulloch, était particulièrement aimé des étudiants parce qu'il les transportait dans son traîneau.

Le docteur MacCallum se remémore son expérience de 1847 alors qu'il était prosecteur pour un professeur d'anatomie en ces termes : «Je devais préparer, pendant presque toute l'année, les dissections des parties qui devaient faire l'objet des cours du professeur le jour suivant. Par conséquent, je devais passer plusieurs heures, en général entre 9 heures et minuit, dans la lugubre et nauséabonde salle de dissection avec pour seule compagnie plusieurs sujets à moitié disséqués et des rats qui couraient bruyamment autour de moi et sous le plancher, de même qu'entre les murs de la pièce...» Il va sans dire que la faculté de médecine n'était pas trop satisfaite de son nouvel emplacement dans le pavillon des arts, «un édifice isolé, complètement retiré des autres habitations, mal chauffé et éclairé aux chandelles, ce qui donnait à peine assez de lumière pour percer la noirceur environnante.» [Frost, Stanley, McGill University for the Advancement of Learning, t. 1, McGill-Queen's University Press, 1980, p. 234.]

En 1851, la faculté de médecine se déplaça sur la rue Côté dans une maison dont les membres avaient personnellement financé la construction. Ce n'est qu'en 1872 qu'on réussit à convaincre la faculté de revenir sur le campus. En vue de son retour au bercail on lui avait cette fois-ci tout spécialement construit un nouvel édifice, situé sur l'emplacement actuel du pavillon James de l'administration, soit au nord-est du pavillon des arts.

L'année 1907 fut marquée par deux tragiques incendies qui eurent lieu sur le campus à l'intérieur d'une période de deux semaines. Le premier, qui se produisit le 5 avril, détruisit le premier pavillon Macdonald de génie conçu par Sir Andrew Taylor en 1893; l'année suivante, l'architecte Percy Nobbs lui redonna vie. Le second incendie ravagea le 16 avril trois des quatre sections de l'ancien pavillon de médecine. La section restante, qui avait été rajoutée par Sir Andrew Taylor en 1894, est d'ailleurs toujours debout et fait maintenant partie du pavillon James de l'administration.

Sans domicile depuis l'incendie, la faculté de médecine dut tenir ses cours dans des locaux loués dans le centre-ville. Heureusement, Lord Strathcona, un ami de toujours de l'Université, ne tarda pas à offrir son aide en achetant un terrain sur lequel il fit construire un nouveau bâtiment pour la faculté déracinée. On choisit un endroit situé à l'angle de l'avenue des Pins et de la rue University, en face de l'Hôpital Royal Victoria. On engagea David Brown et Hugh Vallance pour dessiner les plans du nouveau pavillon Strathcona de médecine qui ouvrit ses portes en 1909.

La faculté de médecine étant depuis toujours une des facultés les plus réputées de l'Université, Lord Strathcona exigea qu'on lui construise un édifice digne de ce statut en ne négligeant aucun détail. On prit en considération les rapports étroits que la faculté entretenait avec l'Hôpital Royal Victoria, situé de l'autre côté de la rue, en imitant son entrée principale et ses ailes. Le pavillon Strathcona, un édifice en pierre de quatre étages, possède une travée centrale flanquée de deux ailes reliées par des corridors. À une certaine époque, la galerie centrale, autrefois recouverte d'une coupole en vitrail, abritait un musée ethnologique dont les vitrines situés sur chaque étage renseignaient sur l'évolution de l'homme et les cultures primitives. Au sud du troisième étage se trouvait la salle de lecture des étudiants, qui a été préservée telle quelle, avec ses lucarnes en vitrail, ses portes en chêne recouvertes de cuir, ses gracieux chandeliers, ses longues tables de chêne et ses petites lampes de lecture vertes.

En 1919, on commanda à Percy Nobbs, l'architecte d'un grand nombre d'édifices de McGill, un vitrail à la mémoire des membres de la faculté de médecine qui combattirent ou moururent sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. L'éclat de ses couleurs avive toujours l'éclairage de la salle du deuxième étage du pavillon Strathcona.

Sir William Osler, reconnu pour ses réalisations dans le domaine de la recherche en médecine, désirait confier sa grande bibliothèque de livres de médecine à sa faculté. Par conséquent, en 1921, on demanda à Percy Nobbs de dresser les plans de la bibliothèque Osler devant faire partie du pavillon Strathcona. Ses trois travées lambrissées de chêne renferment non seulement la collection Osler, mais également son coeur placé dans le mur du centre. En 1965, la bibliothèque Osler fut soigneusement démontée et remontée, morceau par morceau, dans l'aile sud du pavillon McIntyre des sciences médicales alors tout récemment construit, où les savants et les étudiants en médecine vont encore aujourd'hui consulter les ouvrages.